Prix des lecteurs de Levallois

Depuis 2011, le Prix des lecteurs du Salon du Roman Historique de Levallois récompense un roman dont la trame est indéniablement historique. Il s’agit d’un roman francophone, publié dans l’année précédant la remise du prix et dont l’auteur n’a pas déjà reçu de grand prix littéraire auparavant. Le lauréat et les auteurs de la sélection seront présents au Salon du Roman Historique de Levallois.

Le Prix des lecteurs est organisé par La Médiathèque de Levallois en partenariat avec l’hebdomadaire Le Point. Le lauréat recevra une dotation de 2 000 euros offerts par le centre commercial de Levallois So Ouest.

Les critères pris en compte par le jury sont la qualité de l’intrigue et de la construction du récit, la densité des personnages, le style et l’univers créé, ainsi que le plaisir procuré par la lecture.

Tout l’art du romancier consiste à équilibrer petite et grande Histoire pour que le lecteur ait bien l’impression de lire un roman dans lequel le contexte historique tient une place significative. Il n’y a aucune restriction quant à la période historique choisie par l’auteur pour y placer son intrigue, qui peut ainsi se situer de l’âge de fer jusqu’à l’orée du XXIe siècle.

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EN PARTENARIAT AVEC

LES ROMANS DE LA SÉLECTION
ÉTABLIE PAR LA RÉDACTION DU
 POINT

Antoine Albertini
Un très honnête bandit (JC Lattès) 

11 octobre 1882, Jean-François Rocchini, un cultivateur de la région de Porto Vecchio est assassiné parce qu’il est soupçonné d’avoir tué le chien de ses voisins. Xavier, son fils, le venge un an plus tard. Parti au maquis, égaré sur des chemins inconnus, il commet de nouveaux crimes et gagne le surnom d’Animali, la « Bête ». Arrêté, il est condamné à mort. Il a 24 ans. 

Dans ce roman tiré d’un fait divers oublié qui passionna l’opinion internationale de l’époque, Antoine Albertini raconte une île infestée de banditi, leur monde et leurs lois, et met en lumière les mécanismes de la violence dans la fabrication de l’image de la Corse. Un jeune bandit, un bourreau terrifié par le sang des condamnés, un gendarme destructeur des bandits et bègue, un coutelier magnifique, une jeune femme courageuse : tous ses personnages disent un siècle et une île, ils sont superbes et inoubliables.

Antoine Albertini signe un grand roman sur l’histoire des bandits corses à travers la vie et la mort de Xavier Rocchini, surnommé l’Animali. C’est un western, un conte noir, âpre, puissant. Dans les maquis et les ruelles des villages, tout peut arriver : le crime, la traîtrise, l’amitié, la passion, des drames qui révèlent une île, un pays.

Maylis Besserie
La Nourrice de Francis Bacon (Gallimard)

« C’est un enfant merveilleux. Je vous assure, j’en ai vu passer des drôles, il n’y en a pas deux comme lui, pas un qui arrive au talon de ce petit. Il ne fait rien comme tout le monde, c’est vrai, il a toujours une idée derrière la tête, toujours une parole rusée. Il se passionne pour les belles choses. Il aime qu’on l’aime, c’est tout, c’est ça que son père ne comprend pas.»

Personnage méconnu et pourtant central de la vie de Francis Bacon, la bien nommée Jessie Lightfoot fut celle qui le protégea toujours, de son tyran de père dans son enfance comme de ses pires excès à Londres. La tendresse de cette Nanny venue des Cornouailles contraste avec les violences que subit très tôt Bacon, et apporte une couleur inédite à la palette sulfureuse du peintre. Au-delà de l’humour et de la gouaille inégalables de cette femme extraordinaire confrontée au monde interlope des artistes, Maylis Besserie nous donne aussi à voir l’Irlande de la première moitié du vingtième siècle, à la fois poudrière et île splendide dont les paysages, les décors et les animaux hanteront les toiles du peintre.

Maylis Besserie est une romancière et productrice de documentaires sur France Culture. Elle a collaboré à diverses émissions sur la chaîne depuis 2003 (Fabrique de l’Histoire, Travaux publics, Surpris par la nuit, séries d’été, Sur les docks…). En 2020, elle publie son premier roman Le tiers temps sur la fin de vie de Samuel Beckett, pour lequel elle remporte le prix Goncourt du premier roman.

Caroline De Mulder
La pouponnière d’Himmler (Gallimard)

Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l’ordre SS et à leurs mères « de sang pur » un cadre harmonieux.

La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s’être éprise d’un soldat allemand, trouve là un refuge dans l’attente d’une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu’ils ne correspondent pas aux critères exigés: face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent.

Alors que les Alliés se rapprochent, l’organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l’abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu’à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ?

Caroline De Mulder est une autrice belge et professeure de lettres. Son premier roman Ego Tango lui a valu le Prix Rossel en 2010. Depuis, elle s’est imposée par son style qu’elle renouvelle de livre en livre, décrivant des problématiques et des milieux variés par le biais de techniques narratives différentes.

Cécile Desprairies
La propagandiste (Seuil)

Dans le Paris des Trente Glorieuses, une enfant assiste aux réunions des femmes de la famille organisées au domicile de sa mère, Lucie, dans un immeuble haussmannien. On parle chiffons et on s’échange les potins du jour. L’ambiance est joyeuse. Plus agitée, aussi, quand il s’agit d’évoquer, à mots voilés, le passé de Lucie, ce grand amour qu’elle aurait connu, pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de se remarier. 

Qui est Lucie ? Qu’a-t-elle fait précisément, avant ?

De fil en aiguille, perçant les mensonges et les non-dits de cette mère énigmatique, l’enfant, devenue adulte et historienne de profession, met à nu la part d’ombre de Lucie et de toute une partie de sa famille. Les masques tombent, et l’histoire de cette femme, collaboratrice zélée, en France, sous l’Occupation, se révèle en plein, à l’image d’un passé collectif dont on n’a, aujourd’hui encore, pas fini de faire l’inventaire. La Propagandiste jette un regard sans concession sur la France de la collaboration et son empreinte sur notre mémoire collective.

Née à Paris, Cécile Desprairies est germaniste et historienne de l’Occupation en France. Elle a publié de nombreux ouvrages sur les images de propagande, les lieux et les lois de cette période, notamment Paris dans la collaboration (Seuil). La Propagandiste est son premier roman.

 

Antoine Sénanque
Croix de cendre (Grasset)

  1. La peste noire déferle sur l’Europe
  2. Deux jeunes frères dominicains se rendent à Toulouse pour trouver le précieux papier sur lequel leur prieur entend écrire le récit de sa vie. Et sa confession risque de faire basculer l’Eglise en révélant la vérité sur les origines de la Peste et la façon dont elle fut liée au destin de son maître, Eckhart de Hochheim, dit Maître Eckhart, théologien mystique et prêcheur le plus admiré de la chrétienté. Puis maudit.

Guerres, inquisition, persécution et trahisons ; des bancs de la Sorbonne aux plaines reculées d’Asie centrale, Antoine Sénanque mêle les destins de personnages historiques et de fiction, marie petite et grande Histoire, et signe un texte, tout à la fois roman d’aventures, fresque historique, étude théologique et policier médiéval. Un page-turner spirituel et dramatique dans lequel les paroles d’Eckhart et les choix de nos héros font sonner autrement le beau nom grave de fraternité.

Antoine Sénanque est l’auteur, chez Grasset, entres autres de Blouse (2004), La grande garde (Prix Jean Bernard), L’ami de jeunesse (Prix Découverte Figaro Magazine), Salut Marie ! (Prix Version Femina, 2012) et Que sont nos amis devenus ? (2020) …

Dorothée Janin
La révolte des filles perdues (Stock)

« À mesure que je lis tous les documents que je réussis à retrouver, je commence à voir apparaître leur silhouette, les phrases qu’elles ont lancées aux flics, aux juges… Chaque fois je me demande si celle qui est décrite, celle qui parle, qui rit, qui injurie, qui chante, celle qui a les mains en sang et les vêtements déchirés, est la femme que je cherche. »

Voleuses, fugueuse, vagabondes, de petites vertus, les filles de la prison de Fresnes se mutinent. Le 6 mai 1947, elles défoncent des portes, brisent des carreaux, escaladent le mur de la prison et finissent par en occuper le toit. Les prisonniers masculins, derrière leurs barreaux, les acclameront. Il faudra cent vingt policiers pour les déloger. Les journaux s’en emparent un temps, qualifiant l’événement d’« hystérie collective », et, après une nouvelle condamnation, les révoltées retourneront à l’obscurité de leurs cachots. Vies d’anonymes diablesses, semeuses de troubles sans voix, la postérité les oublie.

Jusqu’au jour où Serge Valère, un avocat médiatique comme le XXIe siècle en façonne, décide de démêler les fils de ses origines. Lui qui ne connaît pas son père, engage la généalogiste, Elvire Horta, pour retrouver sa mère Madeleine qui l’a abandonné. Elle apprend que celle-ci est une des mutinées de Fresnes. 1947 rencontre alors notre époque. Madeleine rencontre Elvire. Les filles perdues, celles d’aujourd’hui.

Dorothée Janin a publié La vie sur terre (2007, sélection du prix de Flore), Mickey Mouse Rosenberger et autres égarés (2010) et L’Île de Jacob en 2020 qui a reçu le Prix Maison Rouge. La révolte des filles perdues est son troisième roman.

Alexis Salatko
Jules et Joe (denoël) 

« Souvent la nuit je rêve de toi, mon Joe. Nous marchons côte à côte sur une plage de Californie, sur un sentier en Crète, le long d’un trottoir de New York, à Paris au jardin des Tuileries jusqu’à cette statue représentant l’homme et sa Misère. Tu te voyais comme un “divertisseur” qui, à défaut de pouvoir changer le monde, s’était fixé pour mission d’apporter un peu de joie et de légèreté. J’avais une conception différente du métier d’artiste. Pour moi, la fonction première d’un film, d’un livre ou d’une chanson était de dénoncer les outrages et les injustices. »

Hollywood Forever Cemetery, 20 août 1981. Un vieil homme cherche la tombe de son fils. L’homme est Jules Dassin, grand cinéaste américain qui, un an plus tôt, a enterré ici Joe Dassin, chanteur au succès planétaire emporté par un infarctus à l’âge de quarante ans. Au crépuscule de sa carrière, Jules a une idée de documentaire : pour rendre hommage à Joe, il évoquera tous les 20 août de sa vie trop brève.

Portrait croisé de deux artistes farouchement indépendants, ce roman est avant tout une exploration poignante d’une relation père-fils et un voyage nostalgique à travers le XXe siècle.

Petit-fils d’un pianiste russe ayant grandi dans un port d’émigration (Cherbourg), scénariste et écrivain, Alexis Salatko a co-écrit des films avec Didier Decoin et Roman Polanski. Il a obtenu le prix Jean Freustié pour Horowitz et mon père (2006). Ses livres sont traduits en russe et en italien.

Les précédents lauréats du Prix des lecteurs de Levallois

  • 2023: Nicole Bacharan, La plus résistante de toutes (Stock)
  • 2022: Stéphane Audeguy, Dejima (Le Seuil)
  • 2021: Adrien Borne, Mémoire de soie (JC Lattès)
  • 2020: François Garde, Roi par effraction (Gallimard)
  • 2019: Paul Greveillac, Maîtres et esclaves (Gallimard)
  • 2018: Véronique Mougin, Là où passe l’aiguille (Flammarion)
  • 2017: Jean-François Roseau, La chute d’Icare (Éditions de Fallois)
  • 2016: Kéthévane Davrichewy, L’autre Joseph (Sabine Wespieser)
  • 2015: Jean Mattern, Septembre (Gallimard)
  • 2014: Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais (Actes Sud)
  • 2012: Jean-Michel Guenassia, La vie rêvée d’Ernesto G. (Albin Michel)
  • 2011: Carole Martinez, Du domaine des murmures (Gallimard)