Depuis 2011, le Prix des lecteurs du Salon du Roman Historique de Levallois, organisé en partenariat avec la rédaction du Point, récompense un roman dont la trame est indéniablement historique. Il s’agit d’un roman francophone, publié dans l’année précédant la remise du prix et dont l’auteur n’a pas déjà reçu de grand prix littéraire auparavant.

Cette année encore, les époques historiques des romans en lice sont variées. Les lecteurs ont en effet été plongés à l’époque de la Peste noire, de la Seconde Guerre mondiale ou bien encore de la guerre d’Algérie. Ils ont pu parcourir le destin de personnages devenus historiques, comme celui des sœurs Papin, ou encore Vanessa Bell, la sœur restée dans l’ombre de sa cadette, Virginia Woolf.

Après la présentation des romans en lice par leurs auteurs, Nicole Bacharan a été désignée lauréate par le jury pour « La plus résistante de toutes » (Stock). Elle succède au palmarès à Stéphane Audeguy (Dejima, Le Seuil) et a reçu une dotation de 2 000 euros offerts par le centre commercial de Levallois So Ouest.

Les romans de la sélection établie par la rédaction du Point

Suivez les coulisses du Prix des lecteurs de Levallois sur le blog Liseur

EN PARTENARIAT AVEC

NICOLE BACHARAN
La plus résistante de toutes (Stock)

« La jeune fille naïve et téméraire qui, à l’été 1944, était emmenée, menottes aux poignets, au siège de la Gestapo, était celle qui, bien plus tard, deviendrait ma mère. Pourquoi ce choix ? Pourquoi, si jeune, avait-elle décidé de s’engager plutôt que d’accepter la fatalité de l’Histoire ? Comment avait-elle fait face à la Gestapo ? Qu’avait-elle tu ? Je me suis mise dans ses pas pour reconstituer le récit de ces années de l’ombre, quand elle fut héroïque et qu’elle ne le sut pas. »

Mêlant intrigue romanesque et son propre cheminement sur les traces de sa mère, Nicole Bacharan raconte le destin au cœur de la France occupée d’une jeune femme, amoureuse d’un jeune homme juif, qui s’engage dans l’un des plus grands réseaux de la Résistance et combat pour la liberté.

Nicole Bacharan est historienne et politologue, spécialiste de la société américaine et des relations entre l’Europe et les États-Unis. Elle a écrit une vingtaine d’ouvrages sur la politique internationale et les États-Unis, ainsi que plusieurs livres pour la jeunesse. Elle intervient en tant qu’expert dans de nombreux médias en France et aux États-Unis. Sa mère, Ginette Guy, s’était engagée dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale.

HUGO BORIS
Débarquer (Grasset)

Andrew, vétéran américain du 6 juin 1944, trouve la force de revenir en Normandie à la fin de ses jours pour revoir la terre qui l’a si profondément marqué. Une guide des plages du débarquement doit l’accueillir, Magali, âgée d’une trentaine d’années. 

Construit comme un singulier jeu de miroir, sur une journée associant rythme implacable et temps suspendu de la vie intérieure, Débarquer est un roman de désapprentissage. Magali et Andrew ont déjà parcouru un rude chemin de vie, et les voilà confrontés à un passé qui ne passe pas. Comme les échos d’une guerre destructrice marquent à jamais les territoires et les êtres, Hugo Boris livre un roman fort et magnétique, une traversée vers l’aube qui ne se laisse pas oublier. 

Hugo Boris est l’auteur de six livres et a reçu de nombreux prix littéraires. Chez Grasset, il a publié Police, prix Eugène-Dabit du roman populiste, adapté au cinéma par Anne Fontaine, et Le courage des autres, recueil de scènes observées dans les transports en commun, réflexion sur nos lâchetés et nos héroïsmes (Prix des lycéens, apprentis et stagiaires de la région Île-de-France). Tous ses livres sont repris en poche chez Pocket.

LAURENT DECAUX
Avant la fin du monde (Albin Michel)

1340, la République de Gênes règne sur toutes les mers connues. Depuis la fin des Croisades, la Superbe a supplanté la Sérénissime, son éternelle rivale. Elle maîtrise toutes les grandes voies de commerce et inonde l’Europe d’esclaves, d’épices et de soieries. Aussi, quand l’empereur mongol décide d’assiéger Caffa, sa principale colonie d’Orient, la Commune se mobilise. Ordre est donné à l’ancien capitaine Dino de Mussi de sortir de sa retraite et de prendre les commandes du Pompée. Son fils, Vittorio, frêle jeune homme qui se rêve traducteur ou copiste, doit s’embarquer malgré lui, devant composer avec un équipage ouvertement hostile, un père rongé par le doute et le souvenir douloureux d’une histoire d’amour inachevée. 

Francs nostalgiques des croisades, Grecs arc-boutés sur leurs croyances, païens infidèles, trafiquants d’esclaves, corsaires à la solde de Venise, la route de Caffa sera jalonnée de rencontres, dressées comme autant d’épreuves initiatiques, avec, au bout du chemin, le plus grand des fléaux, redoutés de tous : la peste. 

Fils de l’historien Alain Decaux, Laurent Decaux, est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Il se lance dans l’écriture avec Le seigneur de Charny, un roman historique (2017), puis Le Roi fol (2019), parus chez XO Éditions. Avec Avant la fin du monde, il rejoint les éditions Albin Michel.

XAVIER LE CLERC
Un homme sans titre (Gallimard)

« Si tu étais si attaché à ta carte d’ouvrier, c’est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n’auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l’inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n’était hélas que pour t’effacer. Tu as figuré sur l’interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d’autres avant toi à malaxer dans les tranchées. »

En lisant Misère de Kabylie, reportage publié par Camus en 1939 sur la population kabyle, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. Il retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps mutique, arrivé d’Algérie en 1962, embauché comme manœuvre à la Société métallurgique de Normandie.

Ce témoignage est un cri de révolte contre l’injustice et la misère organisée et une invitation à réfléchir sur les notions d’identité et d’intégration.

Né en Algérie en 1979, Xavier Le Clerc a grandi en Normandie et vit désormais à Paris. Un homme sans titre est son troisième roman, après De grâce (JC Lattès), publié sous son premier nom, Hamid Aït-Taleb, et Cent vingt francs (Gallimard), où il évoque la figure de son arrière-grand-père kabyle, mort pour la France à Verdun en 1917.

MYRIAM LEROY
Le mystère de la femme sans tête (Seuil)

« Sur la photo, c’est sa physionomie qui captive. Un petit nez rond et des bonnes joues mais une morgue et des yeux durs, des yeux qui te voient là où tu ne veux pas être vue… Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde : “Dégage.” Il est impossible de s’en détourner. Tu y es ventousée. Fascinée par le caractère hostile de la pose et la beauté farouche du modèle, débarrassé de toute politesse. »

Qui est Marina Chafroff ? Jeune Russe exilée en Belgique, Résistante, elle fut, sur ordre d’Hitler, décapitée à la hache en 1942. Cette femme au courage exceptionnel, sacrifiée pour que vivent des innocents, aurait dû marquer l’Histoire, mais elle est tombée dans l’oubli.

À travers le destin de Marina Chafroff durant la Seconde Guerre mondiale, 1942 et 2022 sont superposées en deux calques troublants qui relèguent toujours les femmes à l’arrière-plan.

Myriam Leroy est journaliste, autrice, scénariste et réalisatrice de documentaires féministe. Elle vit à Bruxelles. Le mystère de la femme sans tête est son troisième roman, après Ariane (Don Quichotte, 2018, finaliste du prix Goncourt du premier roman) et Les Yeux rouges (Seuil / Cadre rouge, 2019).

JULIA MINKOWSKI
Par-delà l’attente (JC Lattès)

Le Mans, 29 septembre 1933, jour du célèbre procès des sœurs Papin. 

Maître Germaine Brière plaide en faveur des deux bonnes, qui ont assassiné leurs patronnes.

Il est minuit passé. Alors que les jurés se retirent, elle attend le verdict. Si elle échoue, ce sera une défaite face à une justice d’hommes et de notables. Figure oubliée de l’histoire, Maître Germaine Brière est la première femme avocate de la Sarthe et première femme à avoir accompagné un client au pied de l’échafaud. 

Julia Minkowski est avocate pénaliste. C’est en lisant des romans policiers qu’elle a commencé à s’intéresser aux affaires criminelles. En outre, elle défend activement la place des femmes au sein de l’avocature. Par-delà l’attente est son deuxième roman, après L’avocat était une femme, Le procès de leur vie, aussi paru aux éditions JC Lattès, l’année précédente.

ALEXIA STRESI
Des lendemains qui chantent (Flammarion)

Paris, 1935. Le Tout-Paris s’empresse à la première du Rigoletto de Verdi, dans le décor fastueux de l’Opéra-Comique. 

Parmi les interprètes, Elio Leone, jeune ténor né en Italie à l’orée de la Première Guerre mondiale, orphelin parmi tant d’autres, pour qui rien n’annonçait un destin hors du commun. 

Pourtant, avec sa voix exceptionnelle, il vole malgré lui la vedette au rôle-titre, et défraie alors la chronique. 

Est-ce vraiment de succès qu’il rêvait ? Ce qui compte, ce sont les rencontres qu’il fera… qui font que les lendemains chantent et qui peuvent sauver la vie.

Alexia Stresi est actrice, scénariste et romancière. Elle a joué dans une vingtaine de films, notamment de Costa-Gavras et d’Agnès Varda, et est apparue à la télévision. Elle appartient à une famille d’artistes : sa mère est danseuse classique, son grand-père chanteur d’opéra et sa grand-mère pianiste. Des lendemains qui chantent est son troisième livre, après Looping (Stock / La Bleue, 2017) et Batailles (2021).

LAURA ULONATI
Double V (Actes Sud)

« Le négatif de ma sœur que je voudrais aimer, que je devrais protéger mais dont j’enfonce la tête dans la baignoire.»

Naître sœur n’est pas inoffensif. Vanessa Bell, peintre méconnue, a grandi dans l’ombre de sa sœur cadette Virginia Woolf. Elle finit par la détester, cette petite-sœur tant choyée. Entre les Cornouailles, Londres et Paris, Bloomsbury et Beaubourg, la distance entre les sœurs s’épaissit et s’amenuise au gré des humeurs instables, des chagrins ou des éclaircies. Un double « je », exploration des liens complexes de la sororité, se construit dans ce portrait en diptyque, récit subjectif de la vie de Vanessa Bell où l’inquiétude d’exister est parfois conjuré par l’amour d’une sœur.

Laura Ulonati est une autrice française d’origine italienne, agrégée d’histoire-géographie et enseignante en Charente. Son premier roman, Une histoire italienne (Gallimard, 2019), a reçu le prix Henri-de-Régnier de l’Académie française, et a pour fond historique la seconde guerre italo-éthiopienne. Chez Actes Sud, elle a également publié Dans tout le bleu (2021), qui porte sur l’héritage mémoriel des enfants issus de l’immigration italienne des années 1960.

Les précédents lauréats du Prix des lecteurs de Levallois :

  • 2022 : Stéphane Audeguy, Dejima (Le Seuil)
  • 2021 : Adrien Borne, Mémoire de soie (JC Lattès)
  • 2020 : François Garde, Roi par effraction (Gallimard)
  • 2019 : Paul Greveillac, Maîtres et esclaves (Gallimard)
  • 2018 : Véronique Mougin, Là où passe l’aiguille (Flammarion)
  • 2017 : Jean-François Roseau, La chute d’Icare (Éditions de Fallois)
  • 2016 : Kéthévane Davrichewy, L’autre Joseph (Sabine Wespieser)
  • 2015 : Jean Mattern, Septembre (Gallimard)
  • 2014 : Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais (Actes Sud)
  • 2012 : Jean-Michel Guenassia, La vie rêvée d’Ernesto G. (Albin Michel)
  • 2011 : Carole Martinez, Du domaine des murmures (Gallimard)